Le bon choix ?

Publié le par Snow

Unlucky II.


Lorsque l'on arrive dans les écuries, il est en train de manger son foin. Au bruit de nos pas, il redresse la tête, l'oeil vif. Pendant les soins, il vient chercher des caresses du bout du nez, d'abord délicatement, puis plus franchement si nous n'obéissons pas. Si un de ces voisins quitte son box, il hénnit et le regarde sortir. Quand nous lui brossons le dos (deux fois par jour, comme demandé par la propriétaire), il fait des grimaces à se tordre de rire, en vrillant la tête d'un coté de l'autre.


Mais lorsqu'il veut se déplacer, il est sur trois pattes ou presque.


En effet, il n'a que deux ans, mais déjà bien des soucis. Il s'est fracturé l'épaule au champ. Les propriétaires n'ont pas beaucoup de moyens, alors pour la radio ils ont attendu. Mais comme ils aiment leur cheval, quand le verdict est tombé, ils ont voulu tenter la chirurgie.


Sur la table, le chirurgien a appelé pour dire que vraiment il y avait peu de chance que ce cheval soit un jour confortable au prés. "Peu ce n'est pas aucune" ont répondu les propriétaires.

Lorsque l'on arrive dans les écuries, il ne semble donc pas si mal. Mais quand on y regarde de plus près, sa fréquence cardiaque reste relativement élevée, malgrès les cataplasmes et les anti-inflammatoires en pommade. Son autre antérieur est soutenu et glacé car à force de supporter tout le poids de l'avant-main, il présente les signes avant-coureurs de la fourbure.


Mais maintenant, il se couche et se relève. Il porte un peu plus de poids sur son antérieur malade. Il y a un léger progrès. Peut-être qu'il va continuer à s'améliorer et marcher un jour presque normalement... Mais peut-être pas.

 

Est-ce égoïste de tout tenter, en pensant à la douleur que cela peut occasionner pour l'animal, avec si peu de chances de réussite ?


Est-ce égoïste de ne pas vouloir tenter, à cause des frais, de la douleur, alors que ce cheval a une petite chance de vivre presque normalement pour de longues années ?


Est-ce stupide de déclarer que le comportement de ce cheval fait penser qu'il vit plutôt confortablement ?


Est-ce stupide de déclarer qu'un cheval qui se déplace si mal, ne peut vivre confortablement ?


A-t-on envie d'euthanasier le cheval décrit dans le premier paragraphe ?


A-t-on envie d'euthanasier le cheval décrit dans le second paragraphe ?

 

Autant de questions qui se posent, autant de réponses que d'individus.

Parfois la souffrance et notre impuissance sont criantes, les questions trouvent plus rapidement leurs réponses. Souvent, nous nous trouvons dans cet entre deux où la vérité n'a plus de sens. Je pense qu'alors notre rôle est d'aider au mieux l'animal et ses propriétaires, sans juger les choix, les raisons, les motivations. Simplement accompagner avec respect.

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